mardi 29 septembre 2009

Kato Zakros- Rethimo






La baie de Kato Zakros est flanquée au Sud Est de la Crête et même si on la voyait comme un minuscule renfoncement sur notre carte au 1:193000 ème , nous découvrons une baie de sable fin bien abritée du Meltem soufflant Nord Ouest .
Le paysage est rocheux et à l’exception des quelques chambres d’hôtes pour touristes la montagne est désertique.
Nous plongeons pour vérifier notre première ligne de mouillage et emmenons la seconde ancre à l’aide de l’annexe qui nous indique déjà ses faiblesses, elle se dégonfle…

Un troisième équipier nous attend sur l’île, il nous indique qu’il est chargé comme une mule à Ierapetra, cinq heures lui seront nécessaire pour nous rejoindre.
Nous le retrouvons de nuit sur la plage non fiers de nous y rendre en annexe.

Enguerrand, comme nous, connaît le bateau et son propriétaire par coeur grâce à « j’ai même pas fait le tour du monde » qu’il est en train d’achever.

Notre petit déjeuner ne plait pas beaucoup au nouvel arrivant, à défaut de pain frais Raphaël et moi nous étions accommodés des gâteaux et galettes laissées à bord par JR en 2007 et périmées la même année.
Aussi, il s’interroge sur la qualité de l’eau.
En fait, le dépôt laissé dans les cuves confère à l’eau une douce couleur marron qui ne nous dérange plus, ce qui nous dérange ce sont les auréoles de gasoil dans le café provenant de notre seule éponge à vaisselle…
Ce matin là, nous redécouvrons le luxe des toilettes conventionnelle (en mer chacun sa méthode, Raphaël s’est fait un petit espace sceau dans ce qui était une toilette avant qu’elles ne soient remplacées par des bidons de fuel, pour ma part je m’exécute par-dessus bord). L’accueillante « taverna » sur la plage accepte aussi de nous vendre du pain et de nous remplir des bidons d’eau.

Au rayon des qualités, Raphaël est incroyablement actif, il s’affaire dès qu’il peut à gauche à droite, bon bricoleur, il trouve toujours un truc à fabriquer (sa dernière fabrication à bord est un stick de barre maison qui en est à sa troisième phase d’évolution) .
Le truc du jour, cela doit venir de son côté sauvage, quand Enguerrand attire le poisson par hasard en jetant les miettes de pain à la mer, Raphaël bondit sur le fusil pour débusquer deux beaux poissons à bout de chant.
Il faut l’arrêter dans son élan couronné de succès pour larguer les amarres, direction Kouremenos, un petit port de pêche un poil plus au Nord.

Trois petites heures, première navigation idéale pour Enguerrand, un vent de Sud Est nous permet de faire une expérience en vent arrière ; nous installons les voiles en ciseaux, le tangon du spinnaker maintenant le génois à l’extérieur, c’est beau !
La baie de Kouremenos est difficile à percevoir à cette heure du jour, les petits îlots se superposent selon le point de vue, des rochers à fleur d’eau, une épave et des hauts fonds m’inquiètent.
Le tirant d’eau de goudrome est de 1,70m, nous allons quand même jusqu’au minuscule port de pêche au bout de la baie dans l’espoir de pouvoir faire le plein d’eau.
Une fois sur place, la manœuvre est délicate et les fonds sont très clairs (c’est un peu juste), nous mouillerons donc beaucoup plus au large, en toute sécurité.

Intrigués par la petite et unique « Taverna » du coin, nous repartons en annexe pour passer une super soirée parmi les locaux avec au menu « greek salad » et « souvlaki »(brochettes de porc ) et pommes sautées.
Contrairement à notre première impression, l’attitude des gens sur place évolue vers un accueil qui nous surprend !
Chaque tournée de Mythos est l’occasion de découvrir le fromage du coin sous toutes ces formes, tant ils aiment nous régaler. Ils nous offriront quelques variétés de salades, saucisse au barbecue, bière et nous feront même un sac contenant le nécessaire pour faire notre salade du lendemain.
Dans cette atmosphère inattendue, bercés par une douce musique traditionnelle et par l’alcool dont j’avais presque oublié les effets, nous invitons à notre table un allemand arrivé depuis peu, il est seul et vit dans une fourgonnette aménagée.
Ce type nous raconte ses aventures et nous parle des vents qu’il connaît bien, et nous éclaire ainsi sur la force que l’on a pu rencontrer à Karpathos où se trouve une baie « la devil’s bay » dans le jargon des mordus de planche à voile.
C’est une fois de plus un hasard qui nous sauve puisque ce Ralpht passionné de vent nous donnera les prévisions météo pour les trois jours !


Le lendemain, le 26 septembre, nous armons pour Rethimno (ancienne capitale de l’île), située au Nord Ouest, nous contournerons donc la crête par le Nord, prêts pour une nouvelle longue navigation, environ 140miles nautiques.
Réveil difficile, 7h au lieu des 6h prévues, nous plongeons avant le petit déjeuner pour enfin ouvrir les yeux (la fin de soirée était arrosée par notre windsurfer de Raki, la grappa nationale).
Celle-ci est certainement la cause du mal de mer dont est victime Enguerrand vers 20h alors qu’il prépare des petits toasts, façon salade grecque.
Il est vrai que cette journée n’a pas été couronnée par le vent et dans ce cas là, le bateau roule… mais comme disent les marins, dont JR évidemment « bon rouleur, bon marcheur ! »
En tout cas, Enguerrand, lui, ne marche plus, ne mange plus et ne boit plus, il se dessèche lentement et en silence dans la cabine centrale…
Il prendra courageusement son quart de nuit trois heures durant en indiquant dans le journal de bord, outre les habituelles informations (direction et force du vent, état de la mer, allure, cap, tendance baromètre, position) ,dans la colonne observations, évènements « vomi par-dessus bord 7h15.

Le 27 septembre, nous sommes fatigués, le moteur est tombé en panne sèche à 2h10, j’ai essayé en vain de réamorcer mais comme tout à bord, il n’y a plus de pompe à gasoil, le réservoir de cale n’est plus en fonction et est donc remplacé par un réservoir en plastique posé sur une étagère plus haut que le moteur…
Le vent s’installe et lève une grosse houle qui nous empêche de dormir et qui n’améliore en rien l’état du malade à bord !
Pour le réamorçage du moteur un truc m’échappe, heureusement, Enguerrand m’a ramené mon téléphone portable et en appelant Jean René, le mystère est percé en deux minutes, merci JR ma compréhension des moteurs diesel évolue (je vais peut-être finir par m’y attacher).

L’entrée au port de nuit, relativement remarquable sur la côte ou on a du mal à distinguer un feu sur les mille lueurs aveuglantes ne me met pas à l’aise vu la fatigue (j’ai à peine dormi 3h) et l’état de la mer.
Le vent de Nord Ouest cumulé à la houle nous poussent trop vite à mon goût, nous nous laissons porter par une énorme vague jusqu’à la bouée verte pour la virer plein gaz et entrer dans le port tribord ou l’on retrouve enfin le calme.
Enguerrand apparaît enfin et il n’est pas de trop pour réussir la manœuvre délicate de l’amarrage avec l’ancre à l’avant et deux aussières à l’arrière.
Trois fantômes débarquent…

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Finike (Turquie) -Kato Zakros (Grèce)






Seize heures, le 21 septembre 2009, c’est l’automne !Au bout des amarres que nous larguons à Finike, trois visages s’impriment à jamais dans nos mémoires.
Herbert, un légionnaire tatoué suisse-allemand et un pianiste médecin franco-russe rencontré la veille, chacun apportant un témoignage éclairé et touchant sur la vie en mer.
Le dernier nous offre une lampe flash que nous porterons à tour de rôle pour les veilles nocturnes.
(cliquer sur Read More pour lire la suite)


J’annonce notre départ à la VHF mais Umit, le responsable de la marina n’y donne pas suite…
Il garde sans doute un goût amer de la petite entourloupe du jour : les formalités administratives devaient nous coûter quarante Turkish Lira (vingt euros) et autant aux deux autres navires israélien sur le départ du jour simplement pour dorer les fonctionnaires et lui-même.
Le principe semblait pourtant bien au point mais je ne me suis pas gêné pour refuser simplement au moment où la demande s’est précisée.
Chronologiquement, nous passons au bureau de police, ensuite au bureau de douane et enfin chez le « Harbour Master » qui fait sonner l’addition.
Le seul souci c’est qu’au moment où il m’en annonce la couleur, les tampons divers et variés sont déjà biens secs sur les passeports et autres documents (ils tapent nos noms et prénoms en faisant deux fautes de frappes par mot et ceci dure plus d’un quart d’heure !), et le montant qu’il me réclame ne correspond pas à celui prévu par Umit…
Je refuse donc et le type se met à suer en sautant sur son téléphone pour demander à Umit ce qu’on s’était dit.
Plus tard, je passerai voir cet Umit pour lui exprimer mes vœux de succès pour la suite et surtout, mon sentiment sur la corruption, il s’enfonce dans son fauteuil.

Nous sortons toute la toile pour longer la côte abritée vers Kekova et Ipsili au large de Kas, la pointe sud en allant vers L’ouest.
La nuit noire tombe vite, c’est sur mer calme que nous entamons la première nuit en nous traînant à deux nœuds cinq de moyenne entourés de petits feux provenants des côtes et des petits bateaux de pêche.
Vers trois heures du matin, Raphaël m’éveille pour le relais, je contrôle la tension des batteries et le rejoins dans le cockpit, une brume épaisse efface l’horizon.
Nous contemplons avec fierté notre petite girouette éclairée par le feu de navigation vert rouge en tête de mat quand une énorme embarcation apparaît d’un coup à seulement quelques centaines de mètres derrière nous à une vitesse difficile à estimer mais nettement supérieure à la nôtre, je fonce allumer le moteur car nous ne sommes pas manoeuvrant et nous abandonnons notre cap pour sortir de cette situation dangereuse.

De l’aube au crépuscule, le 22 septembre est un jour sans vent. Nous subissons le roulis qui produit un bruit infernal en faisant fasseyer les voiles et la chaleur en laissant à la barre le très utile pilote automatique tant il est difficile de tenir un cap sans vent ou presque.
Après trois heures de nuit noire dans ces conditions inchangées, le vent se lève ; on imagine la mer sans la voir, par le son et les sensations.
Pendant le quart de Raphaël, les feux de navigations se coupent faute de batterie, notre pilote est gourmand, on se méfiera à l’avenir !
A ce petit problème vient s’ajouter un autre souci, en plaçant le commutateur de batterie sur « Both » (batterie moteur et batterie de servitude ensemble) après avoir essuyé un échec de démarrage moteur sur la batterie prévue à cet effet, rien, pas assez de jus !

A 4h15 du matin, ( le 23 septembre) nous prenons un ris et rentrons une bonne partie du génois, Goudrome avance maintenant sous le contrôle du régulateur d’allure ( il tient parfaitement le près bon plein dès que ça souffle bien) à plus de cinq nœuds.
Plus nous allons au sud, plus le vent monte et donc notre vitesse, au large de Karpathos alors que nous pensions être protégés le vent monte encore !
Pas de speedomètre ni instrument pour mesurer la force du vent, j’imagine que nous avons plus de 25 nœuds de vent réel vu la vitesse à laquelle nous avançons selon le GPS (il établi une moyenne entre les positions) qui affiche une moyenne de 7.5 nœuds et monte une fois jusqu’à 9.1 nœuds ???


La force du vent et des vagues qui écument nous imposent de porter le harnais et d’être vigilants lors des déplacements sur le pont trempé par les embruns, quelques petits événements nous forcent à contrôler l’ensemble de la mécanique du bateau.


Le carnaval commençait la veille avec une pièce de maintien de l’enrouleur trouvée par chance sur le pont avec son boulon, à priori elle tenait par habitude ou par maraboutage ??
Nous la reposons dans l’état en gardant un œil sur le serrage à l’avenir.
Il faudra au moins quatre bons yeux pour déceler la suite : le vit de mulet (pièce assemblant la bôme au mât) se décroche, la barre se disloque, les boulons s’envolent !
Puis le plus drôle, le presse étoupe qui fuit allègrement et remplit de flotte aromatisée gasoil les fonds de cales nous imposant d’écoper à quatre pattes et à la lampe frontale (et oui, on se garde une chance de pouvoir démarrer le moteur un jour en conservant toute la charge des panneaux solaires à cet effet !) l’équivalant de deux sceaux toutes les deux heures !!


La situation est à son comble, Raphaël, dont l’optimisme n’est pas la plus grande qualité (ce n’est rien de le dire), craque après la nuit du 24 (deuxième nuit entière sans lumières et aucune certitude de faire notre première approche par mer agitée au moteur).
Six heures du matin, alors que le jour et moi nous éveillons, une conversation s’impose !
Nous sommes fatigués et stressés tant par la météo que les événements, nous vidons nos sacs respectifs et nous calmons autour d’un café.
La terre approche, un coup de WD 40 par le filtre à air, un coup de démarreur et le moteur qui prend dénoue toutes nos angoisses !


Jean-René peut dormir tranquille, ces petites surprises traduisent uniquement notre manque d’expérience, la conclusion de cette première navigation est que goudrome est un super voilier de près, au comportement très stable et sécurisant.
Le régulateur d’allure nous aura épargné des heures de barre sans consommer la moindre énergie et le stock de matériel à bord nous aura toujours permis de remplacer l’écrou manquant!

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jeudi 24 septembre 2009

Arrivée en Crète

Voici quelques nouvelles du front :
à l'heure actuelle, la position géographique d'Enguerrand se situe quelque part entre Ierapetra et Kato Zakros. Il est à la recherche de Xavier et Raf, qui ont réussit à maintenir le cap malgré leur problème de barre et de batterie qui les a contraint à passer une nuit sans un soupçon de lumière, mais sont bien arrivés à Kato Zakros.
Sa description est simple, il est chargé de deux gilets de sauvetage, d'une veste de quart lourde mais chaude, d'un sondeur, et d'un sac plein de livres m'appartenant. Le tout sous 26°C et en stop.

Bref, tout le monde va bien.
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lundi 21 septembre 2009

Toujours en direct de Finike- départ imminent de Raf et Xavier

(Note de Laurène : On peut cliquer sur les photos pour les voir en plus grand)

Lundi 21 septembre 2009
Comme en général dans la vie, ce que l’on désire très fort finit par arriver.
La pompe réparée rend au moteur un second souffle… et nous procure un tel soulagement que la suite des préparations techniques s’achève en toute légèreté !


Pour récapituler, nous avons maintenant des feux de mouillage et de navigation, un projecteur de pont, une lampe rouge/blanche dans le cockpit et un compas éclairé pour les longues nuits de navigations, une superbe girouette en plastique en tête de mat et une antenne flambant neuve.
Nous avons aussi un petit système D permettant de casser l’angle de la drisse de génois (une intervention qui prenait des proportions démesurées dans mon esprit avant de s’y atteler).
La pompe de cale fonctionne, les panneaux solaires chargent les batteries qui sont solidement arrimées, les soudures et raccords sont passés à la loupe comme l’étanchéité.

Pour boucler ces petits travaux, nous procédons à un grand rangement qui nous coûte une énergie complètement démesurée !
Goudrome est un bateau très spacieux pour sa taille, ce qui a permis à Jean-René de stocker une quantité astronomique d’accessoires.
Une vraie quincaillerie, une boutique d’accastillage mieux fournie que celle de la marina !
Jusqu’ici, chaque rondelle, manille ou vis minuscule nous sauvait de longues galères mais le problème est tout autre quand il s’agit de trier…
Impossible !
Jeter un de ces écrous qui servira peut-être à parfaire le réglage du régulateur d’allure serait du suicide… Raphaël et moi tombons donc d’accord sur cette conclusion satisfaisante : nous allons nous procurer des boîtes.
Quelques allers-retours en vélo et les couvercles sont fermés, ces longues heures à créer des familles : pêche, électricité, etc nous aura fait l’effet de préparer son cartable.

Le jour de marché où je file en vélo après la désormais traditionnelle baignade matinale, nous retrouvons Herbert sur le pont à dix heures pile, comme convenu.
Il porte des basquets, un petit short, un baluchon sur le dos.
Nous l’invitons à s’installer tant nous sommes préoccupés par nos activités en cours mais il ne tiens pas en place, sa casquette est trop petite pour dissimuler le plaisir qu’il a d’être là. C’est partagé, encore un ange envoyé par Jean-René.

Nous quittons la marina dans les règles après avoir annoncé notre départ par VHF sur le canal 73 et sortons jusqu’à la baie au moteur.
Avant même de hisser les voiles que nous avions gréées la veille, nous stoppons le moteur, mettons nos masques et plongeons dans le but d’analyser la partie immergée de la coque.
Le constat est positif, l’antifouling est propre et ne nécessitera pas de sortir le bateau de suite, je nettoie donc l’hélice en apnée au ciseau à bois pour dégager les coquillages qui ont préféré le métal, attaché l’échelle (fabriquée par Raphaël le matin même) pour contrer le courrant qui me surprend.
Nous hissons la grand voile, le génois sans encombre et le vent nous emmène calmement.

Depuis notre arrivée en Turquie, le vent nous a prouvé qu’il se levait vers onze heures, nous le vérifions.
Herbert qui n’est pas sorti depuis un an se régale de passer les écoutes et de faire sonner les roulements des vieux winches et notre jeunesse de tirer de toutes nos forces pour accompagner son mouvement.
Cette première navigation nous fait goûter aux délices de la plaisance, nous tirons de longs bords en nous intéressant avec tant de curiosité que de passion au fonctionnement du fameux régulateur d’allure « Aries ».
Depuis le début de notre séjour, pas mal de marins du port sont venus nous conter leurs histoires autour de cet objet mythique et intriguant.
Le décrire serait difficile aujourd’hui, il faudra un petit temps pour comprendre cette mécanique mais pour faire bref, c’est un mécanisme comme un balancier d’horloge qui a une pale dans l’air et une autre dans la mer et qui combine la direction et la force du vent pour maintenir le cap du bateau !

Le retour au port se fera sans trop de difficulté, mais malgré les soins chirurgicaux apportés aux organes mécaniques, l’inverseur peine et lorsque je fais ma première marche arrière pour un amarrage de type méditerranéen entre deux bateaux (les navires ont tous l’arrière vers le ponton), impossible de repasser au point mort…
Petite frayeur rétablie en repassant en marche avant en forçant un peu sur la poignée rouillée, ouf, manœuvre réussie!

Nous sommes au comble de l’excitation, prêt à partir !
En moins d’une heure je suis allé au bureau pour accélérer les formalités de départ, ai refusé l’achat d’une annexe pourrie, ai acheté une autre annexe que nous mettrons à l’eau immédiatement pour le ravitaillement gasoil à la pompe et pour tester le moteur, de l’annexe…

Ici c’est noël, enfin c’est tout comme, le pays est gelé pour trois jours de fête correspondants à la célébration de la fin du Ramadan.
Pas de police ni douane pour tamponner nos passeports, nous devrons attendre lundi pour savoir s’il est réellement possible de larguer les amarres sans backchiches.
Ceci nous laisse du temps pour peaufiner l’approvisionnement et approfondir l’itinéraire qui sera subordonné à la météo difficile du sud de la mer Égée.

Un grand moment de notre petite existence va passer dans l’encre de ce tampon, ce soir en regardant les puissants éclairs qui illuminent le ciel par-dessus les épais nuages au large, nous imaginons à peine ce que représentent les vingt cinq nœuds établis et deux mètres et demi de vagues qui nous attendent entre Rhodes et la Crète?
On s’accroche aux mesures, vent, hauteur, durée. Trois jours de navigation tout au moins, pour commencer sur une mer où l’on rencontre l’ennui et la bagarre.

Heureusement nous avons confiance en Goudrome et sommes sensibles aux bonnes ondes à bord, nous n’avons pas déplacé d’un poil les sculptures et autres grigris de Jean-René, nous sommes même de plus en plus intrigués par leur présence à bord.




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mercredi 16 septembre 2009

En direct de Finike



Mercredi 16 septembre :

« Avant de commencer le récit de nos aventures, je consulte la définition du mot voyage par pure curiosité : « Fait de se déplacer hors de sa région ou de son pays. Allée et venue d’un lieu dans un autre pour transporter qqch. Etat hallucinatoire provoqué par l’usage d’une drogue »( Larousse 1980).Bon…

Paris-Roissy Charles de Gaulle le 10 septembre 09, accompagné de Raphaël qui accepte de se joindre à moi pour le meilleur et pour le pire… La mission étant de « bricoler » sur Goudrome que nous trouverons en Turquie, au sud d’Antalya, dans la marina de Finike.
Quatre personnes avaient décliné l’invitation avant que Raphaël y réponde!

(Note de Laurène : j'ai ajouté une petite fonction "read more", il faut cliquer dessus pour lire la suite!)


Nous sommes donc aux portes du pays, chargés comme des mules, certains qu’il nous en coûtera plus en supplément qu’en billet d’avion ; dans ces vols « low cost » rien n’est laissé au hasard : 20 Kg par personne plus un bagage à main (non pesé heureusement).
En fait, la gentillesse d’un professeur d’art plastique retraité voyageant avec un maillot de bain en guise de valise nous permettra de passer la totalité de nos bagages sans supplément, soit 105 Kg au total ! Essentiellement de l’outillage, mais aussi de l’électronique complexe : GPS, balise, sondeur, VHF, ordinateur portable, …bref de quoi fabriquer une petite bombe qui, une fois de plus, ne nous pose aucun problème. poste de fouille ??

Un chauffeur de taxi nous attend avec une pancarte « Goudrome » sous les 30° d’Antalya, les deux heures de route pour Finike sont parsemées de dégustations locales à bord. Le chauffeur nous offre de l’eau, des gâteaux, des fruits, des amandes et nous dépose finalement au ponton au bout duquel se trouve le tant convoité « Goudrome ».

Jean-René (le propriétaire que l’on ne remerciera jamais assez) a soigneusement désarmé et protégé les parties sensibles, sa dernière sortie date aujourd’hui de plus de deux ans !
Comme il me l’avait indiqué lors de nos nombreux rendez-vous parisien, je commence par sortir le vélo, la bonbonne de gaz, les caillebotis du cockpit, etc
Tout est exactement tel qu’il le décrivait, je plonge la main dans tel trou pour ouvrir la vanne d’eau, branche l’électricité de pont pour charger les batteries respectivement trouvées à 7.4 et 9 volts. Le soleil se couche plus tôt sous ces latitudes.

La liste des travaux préparatoires est plus ou moins claire, du moins en théorie…
Nous commençons par la fouille des placards et cales pour établir un inventaire, le branchement du gaz et le lavage du pont qui ne servira a rien vu les averses orageuses qui tomberont deux jours durant.
Petite parenthèse nous autorisant une promenade au cœur de Finike, ou après quelques achats de produits locaux, je débusque un salon de coiffure d’un autre temps : le bâtiment ressemble à une cabane de promotion immobilière entièrement vitrée, fichée au milieu de rien ou plutôt entre un immeuble de quatre étages, un parking en terre battue et un chantier de construction.
Tout semble sortir des années 80, les Renault 12 et autres véhicules disparus chez nous, les fauteuils et accessoires et même la moustache du petit monsieur qui s’affaire à me rendre propre.
Il doit y avoir quelque chose dans cette situation qui pourrait compléter la définition de voyage, le petit sourire qui vient du ventre quand le visage recouvert de mousse à raser chaude, le barbier turc vous demande où on arrête la moustache ?

Le premier boulot consiste à riveter des échelons sur le mat pour faciliter l’accès en tête de mât (plus de 11 mètres), vient ensuite l’électricité qui s’avère plus compliquée que prévu !
En effet, Jean-René ne m’avait pas caché son trait de caractère africain (aussi en terme de bricolage) mais je ne m’attendais pas à tant de couleurs et de raccords primitifs. Il faudra quelques jours pour parcourir les kilomètres de fils qui alimentent les éclairages, instruments, etc

Vient ensuite la mise en route du vieux moteur diesel Yanmar « marabouté », comme toute chose à bord, ce moteur a une histoire et nécessite soin et sensibilité. Jean-René l’aurait acheté vers Singapour à un chinois si mes souvenirs sont bons mais je crois que les derniers soins furent prodigués par un mécanicien turc.
En tout cas je suis halluciné par les modifications permettant à ce dinosaure de 24 chevaux de fonctionner dans un espace prévu pour un 15 chevaux, bon ceci ne va pas sans labeur d’utilisation : une contremarche de l’escalier de descente a laissé place aux courroies et la pompe à eau dépasse à l’intérieur ! Les câbles d’arrêt et d’accélérateur sont reliés à des poulies et des manilles comme le sont les voiles ce qui limite les modifications de régime (en fait, l’utilisation est limitée à avant /arrière a un régime moyen…on va rigoler lors de la première sortie de port !).
Un autre détail, un coin en bois permet d’ajuster la tension de la courroie d’alternateur et, pour plus de cohérence, l’ensemble du moteur est posé sur un cadre en bois assemblé par des clous et serre-joints.
Voilà pour l’observation, mais le plus incroyable encore c’est qu’après quelques mouvements à la clé à molette à la main pour vérifier que rien ne coince, le moteur démarre au premier coup de clé.
Et comme chaque petite victoire sur le programme rime parfois avec peine, nous découvrons que la pompe à eau n’alimente pas le refroidissement…
Le démontage de la durite laisse apparaître une érosion fâcheuse qui aurait pu être réparée en atelier de soudure si le démontage de la pompe complète avait été sans surprise.
Maintenant tout se complique, les pales de la petite hélice sont rongées par le sel et l’une d’entre elles cassée a du bloquer l’ensemble.

On garde le moral, comme dit Jean-René, « Un voilier fonctionne à la voile, on étale pas une tempête au moteur, le moteur ne sert qu’à manœuvrer au port »
Pour ce qui est de la pompe, impossible de trouver la pièce qui n’est plus référencée, la référence la plus proche apparaissant dans la catégorie tracteur agricole ?

A présent, je pense qu’on est entré dans la phase travaux, les choses se compliquent aussi du côté électricité et nos compétences ne suffisent plus pour raccorder la VHF ASN au GPS permettant ainsi d’identifier la position du navire lors d’un appel de détresse.
La marina regorge de service en tout genre, c’est donc très facilement que nous nous entourons d’un électricien, Jean-René m’avait dressé le portrait d’un gars en mobylette, il s’avère qu’il est mort l’an dernier d’un arrêt cardiaque, notre individu est donc son fils ; il parle pas mal anglais et semble comprendre vite l’installation.
La situation est drôle, notre électricien a le bras droit dans le plâtre, son second est surnommé contact et le troisième est un jeune qui se fait réprimander à tout bout de chant et fonce en vélo je ne sais où dès qu’il manque une pièce.
Ils resterons avec nous jusqu’à la tombée de la nuit, et même au-delà de l’heure de la rupture (nous sommes à huit jours de la fin du Ramadan) et accepterons de partager un repas franco-turc : pâtes aux oignons, tomates, aubergines, haricots rouges, petits piments et trois variétés d’olives servies avec une omelette.

La saison avance, même si le soleil est au top, 28 degrés en moyenne et donc quelques degrés supplémentaires à bord (34 degrés) ! Rude conditions pour bosser, on se voit littéralement fondre.

La marina de Finike est un havre de paix clôturé de toutes parts, les centaines de voiliers magnifiques, rutilants se vident au même rythme que les avions se remplissent pour l’Allemagne, la grande majorité des gens ici sont des retraités fortunés qui considèrent le bateau comme une caravane à option. Herbert, un allemand plus très jeune qui a le temps de discuter et qui aime ça ne répond en rien à l’image précédente, c’est le seul gars que l’on croise à 6h du matin en allant se baigner, il est toujours en promenade sur son petit vélo rouillé.
C’est drôle mais c’est évidemment un ami de Jean-René, « le clochard n° 1 », Jean-René étant le second (c’est tout à son honneur !).
Son voilier Victoria se trouve à deux pontons de Goudrome et à quelques années lumière du genre moyen ici, il est au même titre que notre embarcation un exemple de système D où le vocabulaire est plus à la ficelle et aux petites poulies qu’aux inox et à l’électronique moderne.
Herbert accepte de nous accompagner pour la première sortie, pas de date prévue… »




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mardi 8 septembre 2009

Lecture du jour

Ce livre écrit par Jean-rené, est le récit de 25 années de navigation, 25 années de péripéties et de peregrinations, qui sont aussi le lien de notre voyage à nous.
Bien sûr, Xavier et moi l'avons dévoré, et je ne peux que vous conseiller de le lire.
Il circule dans nos deux familles...

Sinon, on peut le trouver à la librairie de la mer, www.librairiedelamer.com , dans les nombreuses librairies de l'Avenue de la Grande armée à Paris, ou à commander directement auprès de JR par notre intermédiaire. N'hésitez pas à nous demander.
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