vendredi 30 octobre 2009

Favignana toujours







On en avait ras le bol du mistral, ou c'est lui qui en a eu marre de souffler...
Le week-end est venu comme un sourire sur cette île aux yeux bleus. ça sent le printemps sur nos vélos, nous arpentons les chemins fleuris jusqu'aux petits sentiers en passant des clubs de vacances désertés par les touristes (et abandonnés par leurs propriétaires) aux criques dont les noms nous font rêver "Calla rossa", "Spiaggia Azura"...
Un réel bol d'air !

Lundi, nous sommes toutes manches relevées pour accueillir Massimo, le mécano en qui nous plaçons tous nos espoirs, mais les incessants coups de de téléphone n'y feront rien... il repousse à 14h, puis ne vient pas!
Entre temps, Xavier plonge pour récupérer l'ancre abandonnée à l'angle du quai lors du fâcheux événement.

Fier comme un coq, j'emmène ma princesse sur l'annexe qui ne se dégonfle plus (depuis que j'ai découvert que les valves étaient mal positionnées) et au bout de 100 mètres le moteur s'arrête...
Moins fier, je me démonte l'épaule à essayer de le relancer et poursuis la manœuvre à la rame contre vent et courant. (JR ne t'inquiètes pas, après avoir tout démonté, j'ai découvert que le robinet d'arrivée d'essence était bouché. Tutto a posto !)

Le lendemain, Massimo pointe le bout de son nez malade et se réjouis de savoir que j'ai trouvé un autre mécano, un vieux à la retraite qui loue des vélos au coin du port.
Dix minutes plus tard, Massimo, son pote, et le vieux débarquent sur le bateau. Concours de gendarmerie à l'italienne, c'est à celui qui aura les meilleures idées ou plutôt celui qui parle le plus. J'ai revu mon glossaire technique et je participe avec enthousiasme en imaginant le résultat magique : le moteur remis en place !
Bon, les heures et les jours passent comme des voitures à Paris. Le premier, malade, le second qui enterre un membre de sa famille, me voilà bien seul face à ce moteur à lever.

Favignana, pas une seule boutique de bricolage en vue, alors que Goudrome est au beau milieu d'un port de pêche en activité.
Nous sautons dans un ferry pour Trapani (Sicile), où nous trouvons des silentblocs (encore un mot que va aimer Vincent) presque identiques aux 4 arrachés. Un petit coup de perceuse chez Miguel (le vieux) et des heures à la lime suffiront à modifier les nouvelles pièces. Pour les reposer, il faut lever le moteur à l'aide de leviers et du poids de Laurène habilement en équilibre au bout, et quelques cales ajustées.
Des heures de gymnastique aidés de presses et de toute la panoplie à bord (et sur le pont). La drisse de grand voile sur le winch nous permet de lever l'arrière pour faire avancer le moteur de... 5 cm !

Dans nos épreuves, nous rencontrons la gentillesse des habitants quasi au quotidien; deux matins de suite les pêcheurs nous offrent du poisson fraîchement pêché, dont une superbe bonite que nous avons cuisinée mi-cuite au jus de citron. Waki, une actrice allemande qui a pris ses quartiers d'hiver ici, après un tournage sur le sol italien, se fait le porte parole des locaux qu'elle connait bien, et nous présente à tous ses amis, parmi lesquels le propriétaire du plus vieil hôtel sur l'île, qui nous propose généreusement de nous y installer.

Un soir, alors que j'allais faire souder une pièce chez Miguel, je vois Laurène au loin qui aide un voilier à accoster à couple de Goudrome; 5 italiens à bord, Francesco (le capitaine, qui parle anglais) nous propose de l'aide.
Le lendemain à 6h30, son pote boulanger surnommé "Godzilla" tant ses mains sont grandes, se plie en 4 et nous aide à positionner les supports complètement inaccessibles à l'arrière et à démonter l'arbre. Super!
La dernière fois que nous avions vu un boulanger faire de la mécanique, c'était à Manosque, pour une pièce de moto. Le type travaillait dans une pâtisserie de luxe à Paris, avant de devenir allergique à la farine.

Nos amis italiens doivent partir, le moteur est enfin en place, mais maintenant c'est l'arbre qui pose un problème : il est plié et impossible a redresser. j'ai passé plus d'une heure sous l'eau, avec des serre-joints et des tas d'outils accrochés. Rien à faire. Nous devons ressortir le bateau et cela n'est possible qu'à Trapani ! Un drame pour Laurène qui va donc devoir s'éloigner de la gelateria de la place principale et qui ne pourra pas expérimenter les autres parfums !
Un pêcheur nous aidera à sortir du port demain matin (samedi) et nous ancrerons à l'entrée du port de Trapani en attendant lundi.

A Favignana, le ciel est bleu mais nos pensées sont grises, Laurène se console en lisant l'intégralité de la bibliothèque de Jean-René, et moi je vous écris qu'il pleut dans mon cœur.


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dimanche 25 octobre 2009

Favignana , retour au calme






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samedi 24 octobre 2009

De Pantelleria à Favignana










22 octobre Pantelleria-Favignana
Les prévisions sont super jusqu'au lendemain midi. On annonce 6 à 7 beaufort, mais en vent de travers, derniers préparatifs : acheter de l'eau, remplir un bidon de gasoil. Le départ est plutôt sympa : un type nous emmène en voiture chercher le bidon, tandis que le propriétaire de la bouée furieux la veille, nous invite à prendre un verre chez lui. Nous déclinons poliment et prendrons la mer à 12h30.


La navigation est une merveille, le vent puissant nous porter à une vitesse moyenne de 7 noeuds, et nous arriverons beaucoup plus tôt que prévu. A peine 10 heures plus tard, soit 75 miles parcourus, nous passons le phare de Favignana, et passons au près serré.
Bien toilé (pris 2 ris et un tiers de génois) nous fonçons, ce qui ne laisse même pas le temps à Laurène de vomir.
C'est face au vent et au moteur que nous nous rendons vers le port, la visibilité est très réduite par un gros grain, comme un rideau d'eau, de puissantes rafales nous indiquent que les deux panneaux solaires semblent vouloir abandonner le navire, et nous déplorons la perte d'une chaussette qui n'aura pas eu le temps de sécher.
Au GPS et muni du pilote côtier, nous nous dirigeons vers le plus enclavé des deux ports en voyant un second môle assurant plus de protection contre la houle.
Un homme sort du seul bateau allumé dans le port, génial, une paire de mains supplémentaires pour la manœuvre ! Il agite les bras et crie des trucs qui, mélangés au vent, ne nous arrivent pas aux oreilles. La manœuvre semble idéale, nous présentons l'étrave quasi face au vent, le long du môle,les défenses prêtes. Laurène est à l'avant, un aussière en main, prête à lancer mais le type refuse. Tout se complique, j'attache le premier bout qui vient, le noue au taquet et le lance au type qui fait mine de tourner sur une bitte d'amarrage mais le laisse filer, je bondis par dessus bord mais il est trop tard. Le vent nous pousse en arrière et fait tourner le bateau. Je saute à bord et pousse le levier plein pot en marche arrière pour éviter l'angle du quai, puis marche avant car la carte indique peu de fond plus au sud, et le moteur cale d'un coup. Sur le rail de fargue juste derrière le taquet, un bout est tendu et visiblement arraché. C'est la cause de l'arrêt du moteur. On l'a tous lu et entendu , attention au bout dans l'hélice du moteur !! et bien voilà, en plein dans mille, moteur bloqué, 1h du mat', le vent nous emmène vers les fonds de moins d'1 mètre, erreur fatale ! L'ancre est prête sur le pont, nous la larguons instantanément.
Cet événement transforme la suite en une longue lutte pour Laurène et moi.

Dans un premier temps, aidé par l'annexe, je rejoins le côté opposé du quai, pour y attacher une aussière et faire pivoter Goudrome. Ensuite une seconde puis une troisième en guise de garde, nous nous maintenons quasi parallèle au mur. Là, le vent tourne à l'ouest, et commence à nous pousser vers le flanc, où se trouvent des anneaux et des chaines dangereuses pour notre fragile embarcation.

4 heures su matin, je rejoins la vedette d'où sortais l'imbécile individu qui fût la cause de nos misères et lui demande de l'aide. Je me trouve sur une vedette de la Police Nationale en train d'éveiller un flic, endormi devant sa télé !!
Heureusement, je ne l'avais pas insulté, mais lui avait crié dans sa langue : "mille mercis, vas te coucher, notre moteur est foutu !"
Donc, cet illustre con, des traces d'oreillers plein le visage, est réquisitionné pour trouver de l'aide, et nous procurer des pare battages, le genre de modèle qui garnissent les vedettes austères de la Police Italienne.
Le voilà sur le quai face à Goudrome, avec un programme moins drôle à mater. Laurène et Xavier accrochés aux filiaires, qui repoussent gentiment le bateau quand il tente de s'approcher trop près ! Une voiture apparait au loin sur le port et nous sommes cinq à présent. Le jour ne s'est pas levé, mais nous voilà en mesure de procéder au déplacement de Goudrome sur l'autre angle du quai plus protégé de la houle qui se forme.

7 heures du matin, après un petit verre de vin de Pantelleria, qui fera office de somnifère, nous arrivons enfin à fermer les yeux, pensant cloturer cette histoire.

10 heures, un bruit nous éveille, c'est l'avant de la coque qui tape, suivi de près par les conseils dispensés par un vieux pêcheur borgne, qui lui, est sur le quai depuis l'aube faute d'être parti pour une partie de pêche.
Je plonge et libère l'hélice (Merci Florence d'avoir fait en sorte que les combinaisons se trouvent à bord). Le moteur démarre mais il a reculé de quelques centimètres et ne se trouve plus sur les supports prévus pour un fonctionnement idéal.
5 minutes plus tard, Massimo, le mécano du port, alerté comme le furent tous les locaux, étudie avec nous l'étendue des dégâts.
Nous essayons en vain de remettre en place le moteur, mais l'opération est repoussée à lundi et nécessitera une grue.

Notre mission est à présent de déplacer Goudrome vers un lieu plus sûr car le mistral menace. De nouveau, nous ancrons à l'aide de l'annexe et de toutes les chaines embarquées.

13h30, vue la réaction de la capitainerie (aucune solution), je lance un appel " PAN PAN " via la VHF, et j'obtiens rapidement rapidement les gardes côtes de Trapani. Quelques minutes plus tard, les gars de la capitainerie et un pêcheur improvisé remorqueur apparaissent et viennent à notre secours. Maintenant ce sont tous les jeunes du coin qui s'affairent à démêler et à transporter les dizaines d'aussières de l'autre côté du port.

16h30, fin de la galère. Nous nouons le dernier taquet quand le pêcheur remercié en bonne et due forme tombe à l'eau.
Il glisse en tentant de rejoindre son triporteur et se retrouve entre le quai et le bateau!
Les dix personnes présentes le feront jaillir de l'eau comme une bonite et l'aideront à sécher ses effets personnels (portable, papiers...).
Difficile d'y croire, le mistral souffle maintenant à plus de 40 noeuds!
Nous sommes rincés (Laurène couverte de bleus et Xavier complètement courbaturé!) et partons en quête d'une douche. C'est Amadéo, le vieux borgne, qui se trouve à nouveau sur notre chemin et qui nous emmène vers la douche la plus réparatrice, simplement chez lui.

Pour conclure, comme le dit le vieux proverbe africain, "dans chaque village il y a une poule blanche".

Si notre arrivée, nous a causé quelques déboires, ceci a quand même révelé des sentiments humains bons et généreux. Le pêcheur s'est littéralement mouillé pour nous mettre à l'abri, Amadéo, âgé de 80 ans, s'est réjoui de nous porter secours, et est même venu voir le moteur pour nous raconter sa vie. (ses 10 enfants, sa carrières, ses passions, croyances... etc)

Ses situations nous poussent à dépasser la langue et à aller bien au delà de nos limites!
La Sicile n'est malgré tout pour moi, que le théâtre de bouleversements. ma dernière visite s'était achevé sur le capot d'une voiture; plutôt renversante, elle a aussi eu des effets positifs comme un changement radical dans ma carrière. Dans l'adversité, Laurène et moi avons été très patients, plus soudés que jamais !

à l'heure qu'il est, Goudrome est en toute sécurité et je fais la vaisselle alors que les éléments se déchainent et Laurène dort comme un bébé. Qui vidi vici, l'aventure continue !

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jeudi 22 octobre 2009

Pantelleria

Bonjour a tous,

Voici rapidement les informations entre deux ports.
Le carenage et sondeur OK, presse etoupe, revisions diverses, sans soucis. Nous avons pris la mer vers Pantelleria ou nous sommes jusqu'a midi. La meteo est changeante, les indications prises en cours de route modifient notre itineraire.

Pour Laurene, bcp de baptemes : premiere nav de nuit, premiers creux de 3 metres, force 6-7, et tout ca le vent dans le dos donc ca allait.
elle a quand meme fait cadeau a la mer de deux bons repas et ne s'est pas manquee avec le seau de pipi a trois heures du mat.
bref que du plaisir une fois que c'est fini !
Nous avons essaye de pecher sans succes, on s'est fait pique un poulpe en plastique et on en a retrouve un vrai presque sec venu s'echouer sur le pont !

ps : Arrivee spectaculaire, l'ancre a decroche au mouillage on a failli s'emplafonner, gros coup de fumee noire et on est repartis au moteur, avant de changer de port pour etre accueillis par les hurlements du proprietaire de la bouee qu'on venait d'accrocher. Aujourd'hui nous partons pour une petite nav vers Favignana avec du vent portant et une mer confortable.
Ne vous inquietez pas tout va bien, c'est l'aventure qui commence.
Pleins de bisous
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lundi 19 octobre 2009

Malte et départ imminent vers la Sardaigne

Goudrome est le troisième voilier en contrebas de Tigne Seafront dans le quartier de Sliema, je n’ai pas vraiment choisi cet endroit.

Notre premier anneau maltais se situait de l’autre côté de Manoel Island, dans « Lazzaretto Creek » entre deux énormes navires qui constituaient un couloir au bout duquel il avait été difficile de pénétrer. Bien protégé, il eut été souhaitable d’y rester mais il en a été autrement.


L’avantage de ce quai sur lequel va se dérouler l’arrivée de Laurène , c’est qu’il est plus romantique, la vue est magnifique puisque nous sommes en face de la vielle ville de Valetta et du fort Manoel et puis c’est plus vivant que les yacht shampouinés .
Dès l’aube les pêcheurs envahissent le coin, plus haut les terrasses s’animent.
J’ai évidemment pris le plus grand soin à ranger le bateau (sans trop en modifier le fonctionnement, il faut que Laurène découvre Goudrome tel que Jean-René l’a laissé, simple mais efficace) pour en faire l’hôtel le plus étoilé du bassin méditerranéen.
Un chauffeur attendra mademoiselle à l’aéroport, j’ai tout programmé pour le grand jour, remplir des corbeilles de fruits, trouver des petits cadeaux pour célébrer nos retrouvailles et accessoirement poursuivre les missions en cours (traverser la ville dans un sens pour une latte de grand voile, dans l’autre pour ramener à l’ordre l’électricien automobile qui se dégonfle à vue d’œil).

Il était envisageable de sortir Goudrome avant l’arrivée de Laurène pour gagner du temps mais cela me semblait bizarre de la faire monter à bord à l’aide d’une échelle de 4 mètres pour un premier contact !

Il y a un paramètre sur lequel il m’était impossible d’intervenir, la météo.
Vers 15h, Laurène apparaît radieuse sous un soleil qui lui rend bien, je me précipite pour prendre un maximum de bagage quitte à disparaître tant les paquets sont énormes et prend un risque démesuré en tentant d’enjamber le vide entre le parapet et la plateforme arrière du bateau en mouvement.
La scène est drôle, j’ai failli valser à l’eau mais finalement tout est à bord, Laurène aussi !
Nous voilà détendus, encore une page importante qui ne demande qu’à connaître de quoi elle sera faite…
Je n’ai plus « je n’ai même pas fait le tour du monde » à bord, (il tourne, je l’ai passé à Jean-Charles et Caroline, les voisins de quai sympas en partance pour la Turquie) pour citer Jean-René mais il y décrit la recette du bonheur de telle sorte que nous en devenons les ingrédients : un homme, une femme, un bateau…

Bon, j’ai pas mal fantasmé nos retrouvailles, je pourrais presque me reposer mais pour garder les pieds sur terre, deux nuits de houle très angoissantes se succèderont (cela n’empêche pas Laurène de dormir comme une pierre alors que le bateau se fait secouer violement, une aussière explose littéralement et la pale immergée du régulateur tape le quai alors que nous sommes à plus d’un mètre !).

Jeudi 15 octobre, nous emmenons Goudrome dans un petit bassin duquel il sera sorti (avec le soin qu’ont les vétérinaires pour traiter les gros mammifères) pour une petite beauté et pour notre futur confort.

Ces quelques jours seront mis à profit pour passer au peigne fin les organes de notre embarcation.
Pendant que Laurène s’active de tout côtés, je découvre les joies d’un nouvel exercice, un truc entre le yoga et le contorsionisme (sans tapis, dans le cambouis) qui consiste à se mettre à la fois dans la peau d’un nain et dans la salopette d’un mécanicien !
Après avoir passé à la loupe le moteur en compagnie du mécano qui a remplacé l’étoupe, je remplace un joint d’échappement, le filtre à huile et à gasoil, etc
Vous l’aurez compris, j’aime ça, mais là c’est vraiment à mourir de rire, pour accéder à la partie arrière du moteur il existe une trappe juste assez large pour passer les jambes, mais en démontant le filtre à air et l’échappement, on peut carrément passer le corps entier (heureusement, j’ai maigri !) et on se retrouve ainsi plié en deux, assis sur l’arbre d’hélice avec la tête coincée contre le plancher du cockpit !

C’est dans cette position que je repositionne l’échappement.
Il s’agit d’avoir bien prévu son coup pour ne pas avoir à ressortir pour un outil oublié et surtout d’être zen quand un boulon vous échappe et disparaît dans un coin absolument inaccessible.
Le nouveau joint est fait « maison », donc maintenir une pièce de trois kilos à bout de bras avec quatre boulons à centrer devient loufoque, impossible de remettre la main sur le boulon qui s’est fait la malle, je ressors toutes les caisses de quincaillerie pour débusquer quelques exemplaires de la même famille, retourne au trou, le seul qui a exactement le même pas est trop long…
En observant de plus près je repère un petit frère du disparu monté sur un support qui pourrait être remplacé par mon exemplaire trop long car ce dernier est passant (dans le vide !)
Je le démonte et suis ravi de voir enfin l’ensemble fixé proprement…
La dernière étape consiste maintenant à repositionner le support sur lequel j’ai piqué l’élément manquant, il me faudra une pince étau et un levier pour guider la pièce et enfin que tout entre dans l’ordre.
Moralité, après des heures de respiration modérée et un beau parcours du combattant, je retrouve le disparu comme posé sur un plateau, je le range soigneusement pour une prochaine partie !

Je vous passe la pose du sondeur et le cablage à quatre pattes sous les planchers des cales, un grand moment sportif !

Sinon, c’est un nouveau départ que l’on prépare, Laurène par ses activités découvre le fonctionnement du bateau sous un angle très différent (réparation, entretien).
Nous organisons la survie dynamique, faisons l’avitaillement et étudions les différentes routes pour rejoindre l’atlantique.

La météo est capricieuse pour l’instant, le vent souffle fort depuis plus de trois jours, une accalmie pourrait nous permettre de partir ce lundi mais le vent forcit sur l’Ouest de la Sicile où nous pensions faire escale.
Nous prendrons le dernier bulletin pour trancher : Sicile, Tunisie, Sardaigne…le vent vire Sud Est mardi soir aux dernières nouvelles !

Petite note de dernière minute : Nous choisissons donc une route plus abritée du vent en traçant vers la Sardaigne, et en longeant le plus possible les côtes tunisiennes. Nous esperons y être dans un peu plus de deux jours et demi.
à plus tard!

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dimanche 18 octobre 2009

Malte, decouverte et travaux







Mardi 13 octobre:
Me voici enfin dans l'avion après quelques au-revoirs plus ou moins faciles, avec mes 34 kilos de bagages (dont 14 kg en trop "oubliés" par une hôtesse attendrie par les supplications de la mère et la fille à l'enregistrement après l'annonce désespérante du prix du kilo supplémentaire).
Xavier m'attend quelque part à Sliema, et c'est Frederic, chauffeur de taxi attitré qui m'y conduira (Il est coutumier du trajet puisque c'est lui qui avait déjà emmené Raf à l'aéroport.) Je le retrouve tout souriant sur le quai, et allégé de quelques kilos, avant qu'il ne me fasse (enfin) découvrir Goudrome. (cliquer sur les photos pour agrandir)

Mes deux premiers jours se passent pour le moins calmement, puisque j'occupe la majeure partie de mon temps à faire des siestes, découvrir la ville, flâner dans les supermarchés (ce qui constitue pour moi une découverte à part entière), profiter de retrouver Xavier, et mon seul exercice réel consiste à sauter sur le quai lorsqu'une averse se présente pour me laver parce que les douches de la capitainerie sont trop loin.
Jeudi matin, nous nous dirigeons vers Manoel Island pour sortir Goudrome de l'eau et lui prodiguer quelques soins élémentaires à un bon départ : Antifooling, (avant cela nettoyage à l'eau sous haute pression, ponçage auquel je m'atelle...) remplacement de l'étoupe, pose d'un sondeur (brillamment éxécuté par Xavier), s'occuper de l'avitaillement, et faire quelques lessives que nous étendrons sur toutes les filiaires. Cela nous prendra deux jours entiers.
Samedi est consacré à une petite visite autre que les magasins d'accastillage, nous découvrons la vieille ville aux multiples charmes apportés par les differentes colonisations au cours de son histoire. Même la langue est un mélange d'Arabe, d'Italien, de Français, d'Anglais... Le matin on entend "Bonju", tandis que c'est "Sa'ha" qui clôture nos journées.

Lundi, Goudrome flottera de nouveau sur l'eau, et nous mettrons les voiles vers la Sicile...

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mardi 13 octobre 2009

départ imminent

Est-ce que l'on peut considérer qu'un grand voyage commence par la dernière nuit passée dans un lit qui ne gîte même pas?
C'est cette entêtante pensée qui m'empêche de trouver le sommeil en cette nuit un peu spéciale, puisque je suis à la veille, ou plutôt à quelques heures de retrouver mon doux capitaine sur Goudrome à Malte.

Je crois que j'ai suffisamment dit au revoir ces derniers jours pour que le départ soit une réalité et que, d'un aspect strictement matériel, tout est maintenant rentré de gré ou de force dans mes sacs. (formidable invention que le Compactor, sorte de Ziploc géant rempli de vêtements dont l'air est évacué par l'aspirateur et transforme donc la masse de vêtements en une ridicule galette. Penser à bien remercier Maman demain à l'aéroport)

Tellement d'émotions se mêlent que je peux prétendre avoir eu un bel aperçu de la palette de sentiments que je pouvais développer, et je ne sous estimerais plus jamais la capacité de mes glandes lacrymales.
Je pars le cœur chargé de toutes vos affectueuses pensées, le poignet gauche orné d'un bracelet en tissu "LOVE", le droit d'une petite étoile, un grand MERCI pour tous ces coups de mains qui ont été autant d'étapes à la concrétisation de ce départ, et... disons ... à bientôt!
Laurène

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dimanche 11 octobre 2009

de Cythère (Kapsali) à Malte







Mardi 29 septembre, seize heures trente, après une bonne journée consacrée au repos et à l’approvisionnement, nous appareillons pour Malte.

Enguerrand, qui a vraiment contribué aux préparatifs largue les aussières et me les envoies, un symbole très fort puisqu’il restera à terre…
Un départ déchirant, j’ai l’impression d’abandonner un ami mais je n’ai pas le choix ; Raphaël a des impératifs de date et nous devons avancer coûte que coûte.
Contourner la Crête par le Nord (par vent de Nord Ouest) pour gagner au vent était peut-être une erreur ? La route Sud aurait été plus confortable ?
Cette situation me rend triste et une fois au large par mer calme, je me demande si ce départ n’était pas un peu précipité ?


La mer est calme, le vent est un courrant d’air, le premier quart sera un exercice de réglages fins tant à la barre (chaque écart coûte un peu de vitesse) qu’à la mise en forme de la toile.
L’écoulement de l’eau sur le safran produit un son particulier dès que l’on passe deux nœuds, une récompense qui passe en direct des oreilles au moral !

En passant le relais, celui qui achève ses deux heures est sanctionné par le point sur la carte (en reportant la position en latitude et longitude on obtient la position précise du bateau, facile avec le GPS) tant on avance péniblement…
Heureusement le temps change, quand Raphaël m’éveille pour le quart suivant, le vent a un peu fraîchi.

Le rituel de la reprise est un moment vraiment particulier : il faut dire que ce n’est pas très naturel de s’éveiller toute les deux heures en pleine nuit !
En deux mots, cela se passe plus ou moins comme ceci : celui qui éveille la victime doit en général la secouer physiquement et attirer son attention en lui parlant et en créant une situation alléchante (son propre sommeil dépend de la vitesse selon laquelle l’éveillé s’exécute) qui consiste à proposer un thé ou a communiquer directement avec l’estomac en dressant la listes des gâteaux, fruits secs et autres plaisirs qui agrémentent l’éveil.
Ensuite la victime à peine éveillée (et en slip) tente de sortir en ligne droite en accompagnant la danse du bateau pour « prendre la température » ; et accessoirement, faire pipi.
Là, le barreur (en pleine forme puisque presque au lit)lui bourre le crâne de tout ce qui lui est passé par la tête pendant deux heures et lui donne des indications précises sur le nombre de bateaux, le cap et toutes les informations qui concerne la navigation.
De retour à l’intérieur, la victime agressée par l’humidité et le froid, s’habille au mieux pour passer un bon moment. Même en méditerranée en saison, les nuits sont plus fraîches et humides.
Une fois parée, la victime fait irruption dans le cockpit version nuit avec la boisson chaude.
La barre en main, un changement radical de situation s’opère, on s’installe confortablement et on oublie le sommeil pour passer en phase d’éveil.

Le sommeil c’est l’autre qui va le trouver, mais seulement au bout de quelques petits exercices…
On a pensé que cela était plus facile d’écoper les fonds de cale après son quart donc on fonctionne ainsi depuis le début.
Ecoper, c’est vider l’eau qui pue le fuel qui pénètre à bord via le presse étoupe en soulevant un bout de plancher dans le carré et en remplissant des sceaux à l’aide d’un petit récipient (jusqu’à quatre toutes les deux heures si on utilise le moteur) que l’on vide par-dessus bord.
On se passerait volontiers de cette gymnastique mais il en sera ainsi tant que le stockage d’énergie sera insuffisant pour actionner la pompe de cale et que le bateau n’aura pas été mis au sec, permettant ainsi de façonner le nouveau joint d’étanchéité de l’arbre d’hélice (presse étoupe vient d’étoupe, la filasse de chanvre ou de lin qui sert à confectionner le joint)
Et comme on s’accommode de tout, on trouve que c’est une bonne transition avant d’aller enfin se coucher.

Celui qui reste, le bout de bois dans la main, missionné pour tenir un cap et veiller à la sécurité, se retrouve seul au monde pour le meilleur et pour le pire.
Dans les conditions idéales, et c’est presque toujours le cas, le quart est un petit cadeau qui met nos sens à l’épreuve dans l’obscurité ; chaque centimètres carré de peau exposé est un capteur a décoder, chaque mouvement de gîte du bateau ou chaque son interprété et mis en application sur le gréement va permettre au barreur de manœuvrer un engin de plus de dix tonnes du bout des doigts dans une direction donnée !
Cette direction, le cap à suivre (tracé sur la carte) est lisible en permanence sur le compas (un genre de boussole marine enfermée dans un globe contenant de l’eau qui met en avant la direction du bateau selon par rapport au Nord magnétique), le seul instrument se trouvant dans le cockpit (très légèrement éclairé par le haut, sa lecture peut devenir fatigante et difficile).
La nuit, la lune et les étoiles sont des éléments de plus qui nous indiquent également notre cap ; personnellement, je cale toujours une étoile dans les haubans ou dans les balcons pour éviter le torticolis latent si l’on reste collé au compas

La terre tourne, le jour pointe son nez mais pas le vent. Mer d’huile, l’air est chargé d’humidité, nous avançons (au moteur) vers l’Ouest dans la brume.
Nous avions pourtant bien pris note de la météo (les prévisions étaient plus optimistes), mais il n’en est rien, pétole !
Vers midi, nous changeons de Cap pour Cythère, une petite île au Nord de la pointe Est de la Crète.
Moteur, Moteur, Moteur…
Un petit cadeau d’Enguerrand prendra ici une valeur inespérée, les boules quies : je n’avais jamais essayé ce type d’accessoire mais il se fait que cela est plus qu’à propos, j’ai absolument amélioré mes nuits depuis le premier essai (merci mon bon Enguerrand, tout en délicatesse, comme d’habitude) !
Nous arrivons à Kapsali (Cythère) le lendemain vers seize heures et découvrons ,au bout de grands massifs rocheux où sont accrochés un hameau pittoresque et un fort Vénitien, une jolie crique remplie d’eau claire sur fond de sable et de roche.
A peine à terre on s’active pour refaire le plein de fruits, légumes (domaine dans lequel on était un peu léger) et de fuel, un pêcheur sur le départ nous communique un numéro de téléphone et un français (le patron de la crêperie « Vanillia », un ch’ti ) à la gentillesse de formuler notre commande en grec pendant que nous étudions les prévisions, pour une livraison bouclée en deux heures.
Notre bière en terrasse est rafraîchissante à souhait, l’ivresse qu’elle procure nous rapproche du sens historique (Cythère serait le lieu de naissance d’Aphrodite), nous ne regrettons pas ce détour.

Le lendemain à l’aube, nous sommes éveillés par un bruit provenant du seul autre bateau à quai, un joli bateau de pêcheur à moins de dix mètres sur lequel trois individus sont déjà au comble de l’activité : l’un d’entre eux tabasse le poulpe à l’aide d’un outil qui ressemble à une pagaie en bois légèrement courbée et élargie en son extrémité.
Le second, un adolescent, se charge de piétiner les mollusques amassés dans un filet avant de les rincer. Cet épisode durera le temps de notre petit déjeuner.
Le troisième homme, plus âgé, quitte l’embarcation un instant pour lire un document (la météo que nous découvrons dès leur départ, force 6 et 5/6 pour le lendemain) affichée sur la porte du bureau des douanes avant de se rendre à la chapelle à quelques pas pour une petite prière.

Le GPS nous indique 485 miles nautiques (800 km environ), nous sommes motivés, il faut profiter au maximum du vent les deux premiers jours, après cela va en faiblissant !
Au menu pour le déjeuner, omelette aux champignons, tout va bien, nous somme au près bon plein (l’allure agréable près du lit du vent) par force 4/5.
La mer monte avec le vent, à 17h elle est forte et il est difficile d’évaluer la force du vent (je crois que là il souffle plus fort qu’au large de Karpathos) ! Nous avons déjà pris deux ris de grand voile et enroulé la moitié du génois, la mer change de visage et devient noire, les crêtes des vagues de plus en plus hautes déferlent en nous faisant parfois pivoter de 60°.J’observe ce spectacle abrité sous la casquette (bravo Jean-René, c’est absolument génial cette casquette, par tout temps !!) en laissant au régulateur le soin de corriger la trajectoire
Vers 3h nous prendrons le troisième ris ce qui nous laisse une voile dont on peut oublier le nom (une grand voile avec trois étages en moins, ce n’est plus vraiment une grand voile).
Nous abattons pour passer grand largue (installons le bastaque babord) quitte à abandonner le régulateur et notre cap pour aller plus au Nord, ça va très vite et on ne tient plus la houle de travers qui envoie des trombes d’eau dans le cockpit en percutant la coque, une fois derrière nous les vagues nous font littéralement surfer !
C’est impressionnant vu de la position de barreur, on a vraiment le sentiment que ces paquets d’eau vont avaler le bateau .Il n’en est rien, Goudrome fonce et a un comportement super rassurant !
Ce gros temps nous épuise toute la nuit et même jusqu’en milieu d’après midi le lendemain, nous avons tenu une vitesse élevée et parcouru quasiment un quart de la route, mais pas tout à fait dans la bonne direction car nous avons pris la fuite…

Quand le vent faiblit, on essaie de se reposer jour et nuit en suivant l’ombre de l’autre dans le seul lit ou l’on peut se caler confortablement dans le sens du gîte (le lit chaud est chaud et humide) et on découvre les courbatures générées par le ballottement et les tensions. On note aussi un petit laisser aller sur la navigation, une mauvaise charge des batteries liée à la couverture nuageuse (on s’est fait rincer en bonne et due forme par une succession de deux grains au petit matin).

« C’est Dimanche, je t’ai préparé un bon petit déjeuner », c’est ainsi que j’éveille Raphaël parce que j’ai le sentiment qu’il faut que l’on parle…
Autour de petits plats mijotés (aubergines grillées, œufs brouillés, beans, oignons confits, etc.
Les langues ont du mal à se délier, il faut dire que le moteur et nos boulles-Quies ne facilitent pas la communication.
Raphaël est sous pression (son plus gros client l’attend pour la réalisation de sculpture géantes, un domaine dans lequel il s’éclate et se réalise) le vent est quasi inexistant et le fait que l’on se traîne provoque chez lui un doute terrible et trop palpable pour que je l’ignore. De mon côté, je dois être invivable pour Raphaël tant je compense par un optimisme démesuré et couplé à un combat anti-moteur.
Vers midi, les conclusions me laissent perplexe et j’ai du mal à imaginer un demi tour vers le Péloponnèse…
Le compromis que nous trouvons est de tenir une vitesse moyenne de quatre nœuds minimum au moteur plein pot tant qu’il n’y a pas de vent et d’ajouter quelques degrés au cap pour faire route plus au Nord et prendre l’option de toucher la côte Sud de la Sicile plus proche que Malte.
Moteur, Moteur, Moteur, jusqu’à 19h sans répit…
Nous avons embarquer quasi 100 litres de gas-oil assurant une quarantaine d’heures à la vitesse voulue.

Vers minuit Raphaël m’éveille, je suis forcé de constater que nous n’avons plus de batteries, les feux de navigation viennent de s’éteindre…
Je pousse le commutateur sur la batterie neuve qui n’était pas raccordée jusque là et à la demande du barreur qui n’en peux plus de tenir un cap sans vent, je tente de démarrer le moteur…
Rien, un petit « clic » annonçant un problème électrique plus grave…
La batterie qu’Enguerrand a transportée vaillamment à travers tout Rethimno est de bonne constitution, elle indique une charge nettement suffisante !
Cela doit être un souci de bobine d’allumage ou de démarreur (il arrive que les charbons se collent) mais mes essais se clôturent par un échec cuisant.
Je sens que Raphaël me fait confiance pour ce qui est de la mécanique mais là j’avoue que je n’ai pas de solution, on y verra plus clair de jour.
L’escalier est à peine reposé, j’essaie de me dépêtrer du cambouis sans me soucier de ce qui se passe à l’extérieur, plutôt préoccupé par la maigre heure de sommeil qu’il me reste mais la météo s’impose rapidement comme l’élément majeur et prioritaire.


En passant la barre, trois heures plus tôt j’informais mon remplaçant des perturbations atmosphériques reportées dans le journal de bord (le baromètre avait perdu Quatre hectopascals) qui se confirmaient matériellement par des orages particulièrement violents sur un bon quartier d’horizon. C’est exactement pour cette raison que Raphaël m’avait éveillé une demie heure plus tôt, et ce qui se rapprochait dangereusement était maintenant au dessus de nos têtes !
Le ciel est d’un noir profond, les cumulonimbus menaçants nous enveloppent quasi complètement, plus de lune, plus d’étoiles plus de nuances dans l’atmosphère et pour couronner le tout, plus de moteur pour s’échapper !
Gloup, pas le temps de réfléchir à sa condition, je bondis en slip sur le pont, attache mon gilet de sauvetage et m’accroche à la ligne de vie pour rejoindre Raphaël qui en fait autant, un vent très violent accompagné de pluie nous oblige à tout affaler dans l’urgence.
D’abord la grand voile que nous attachons au mieux puis le génois qui est évidement coincé par la drisse de l’enrouleur !
Les écoutes s’envolent sous le vent et deviennent des fouets qui claquent, le génois affalé est maintenant dans l’eau, nous le remontons en paquet et je le noue de toutes parts avec tous les bouts à portée de main pendant que Raphaël sort la trinquette (la voile de tempête) que je hisse sur le bas étai alors que Raphaël passe les écoutes vers le Cockpit.
La houle que nous prenons de travers balance littéralement le bateau de part et d’autre, nous rentrons tout ce qui pourrait s’envoler et faisons un rapide ménage dans le carré pour éviter les accidents bêtes.
Les verres et tasses sont enroulés dans des vêtements, les batteries débranchées complètement.
Il nous reste à fuir vers le seul bout de ciel dégagé mais les rafales se calment rapidement et nous ressortons la grand voile en conservant la trinquette…
La bataille ne dure pas mais il faudra quand même quatre heures d’acharnement sur le pont avant que nous soyons à nouveau gréés pour reprendre le cap initial !

Fatigués, le moral pas plus au top que les batteries, nous reprenons l’écope pour vider les fonds de cales qui se sont remplies plus que d’ordinaire, l’eau aromatisée huile et fuel a atteint la cale ou nous entreposons les bottes et les chaussures.
Le vent a disparu, nous utilisons nos dernières cartouches énergétiques pour envoyer le spinnaker (une voile énorme et très légère utilisée pour les allures portantes) que nous réglons pour approcher au maximum le lit du vent.
Grave erreur, évidemment on avance mais on perd au vent !
Résultat, on se trouve sensiblement au même point que cinq heures plus tôt à 18h30 !

Les choses vont en s’améliorant, à commencer par la charge des panneaux solaires qui donnent plein pot et une bonne nuit de navigation rigoureuse par trois beaufort qui a un effet similaire et nous remplit d’espoir !
Nous sommes le six octobre, grâce aux batteries, le pilote automatique nous satisfait et nous libère de la barre, je me plonge dans des calculs de moyennes pour établir des pronostics sur la date de notre arrivée.
En me déplace en silence, j’évite de perturber le sommeil de Raphaël qui mérite une bonne nuit et lui annonce le fruit de mes calculs autour d’un bon vrai café (en général on ne boit que du déshydraté par facilité).Nous devrions atteindre la terre vers le neuf octobre si le vent ne nous abandonne pas complètement !

Pas de nuages, plein soleil signifie que nous passons le plus clair de notre temps à orienter les panneaux solaires et à modifier sans cesse l’orientation du genre de filet que nous tendons en guise de taud.
Ce midi, c’est un vrai bonheur, on se sert un petit Raki turc (en navigation, on ne bois jamais d’alcool, ça fait des vacances à mon foie) et on mange des chips !
Ensuite on se baigne, on se lave à l’eau de mer puis on se rince à l’eau douce, le contact de l’eau douce est vécu comme une renaissance (on a bien essayé de se laver lors des grains mais c’est trop bref pour se « finir » à l’eau de pluie) !
Se laver à bord, c’est aussi oublier les excès de pudeur, il faut accepter d’être nu en compagnie de l’autre qui finit par ne plus y prêter attention.

Nous passons la nuit au régulateur par vent de Nord Ouest force trois, le pilote a pas mal consommé, nous économisons en allumant uniquement le feu de mouillage en tête de mat qui consomme moins et qui a l’avantage de semer le doute chez les autres qui nous détectent au radar sans pouvoir nous identifier comme un voilier.
On a maintenant l’habitude d’être pris pile entre deux rails et de manœuvrer quand on arrive au point de croisement de deux navires.
Au petit matin, après une nuit de tranquillité sans trafic je fini quand même par croiser un énorme pétrolier et celui-ci suit une route parfaite de collision, c'est-à-dire que je fais des relèvements successifs et obtient toujours le même angle !
Dans ces conditions, je suis contraint à abandonner mon cap plein Ouest et abattre vers le sud pour me présenter tribord amure jusqu’à avoir dépasser le navire.
Prêt à m’exécuter, les écoutes en main pour choquer les voiles, je découvre que l’autre a anticipé et vire pour faire route vers l’Est…
Vu de Goudrome, c’est comme si le défilé du 14 juillet s’interrompait pour laisser passer une petite tortue ??
Evidemment la VHF est coupée, on ne se fera pas insulter !
Le GPS et le compas sont en désaccord ce matin, le premier nous indique une route fond à 260° quand le cap est de 290° au compas ?
Ceci signifie une dérive de 30°, je tiens donc un cap au plus proche du vent pour maintenir une position au dessus du 36° parallèle.
La Valette, la capitale de Malte est précisément à 35°54'071’’Nord, par vent de Nord Ouest il est sage de garder une position le plus au Nord pour abattre à l’arrivée.
Sinon c’est Kadafi qui nous accueillera !

Les dauphins sont nombreux, timides au départ, j’en avais observés une dizaine en escadre lors d’un quart de nuit en répondant à leurs sauts avec une lampe torche.
Leur présence doit être liée à la profondeur ou plutôt à la température de l’eau qui doit être sensiblement plus fraîche par 4000mètres de fond ?
En tout cas, on ne se fatigue pas de les voir faire des galipettes dans les remous de l’étrave, ils adorent quand on va vite et moi j’adore quand ils sont là !

La date prévue d’arrivée approche avec les côtes, nous sommes à 35 miles nautiques de notre port d’arrivée le 08 octobre à 10h, gagné !

Pas vraiment, nous allons payer l’addition de nos petites erreurs…
Le laisser aller des lendemains difficiles, l’utilisation du pilote réglé au près bon plein plutôt qu’au près serré qu’il tient moins bien…
Plusieurs phénomènes vont contre nous, le premier est le courrant qui porte vers le Sud à environ 1,5 nœuds.
On a eu peine à le croire mais, en se baignant (ceinturés par un long bout attaché au bateau), il nous était impossible de rejoindre l’échelle en nageant à perdre haleine (alors que le bateau avançait à moins d’1,5 nœud selon le GPS).
Le second estla baisse significative du vent clairement lisible sur la route tracée par l’ensemble des points relevés (à peu près toutes les deux heures) sur la carte.

Ce qui se passe est donc simple, le vent faiblit et le courrant reste stable, nous perdons complètement la route idéale et nous trouvons douze heures plus tard à devoir faire route inverse, plein Nord contre le vent et le courrant !
De plus, juste avant la nuit nous sommes entourés d’une multitude de bateaux gigantesques (on en compte plus de trente) pile dans l’axe longeant la côte où l’on va et qui semblent former un cortège immobile et impossible à traverser !
Heureusement le vent n’est pas complètement tombé, dix heures seront nécessaire pour rejoindre le point noté vingt heures plus tôt…

Le temps n’a jamais semblé si long, le moral n’a jamais été si bas, Raphaël et moi sommes tendus comme des arbalètes et à ce train là, il faut bien avouer que l’on n’est pas rendu !
Chaque essai de virement vers l’Ouest nous fait perdre au vent et annule les maigres miles obtenus au bout de longues heures de près hyper serré (sans lâcher la barre une seconde).
C’est électrique entre nous, chacun élabore sa propre stratégie en pensée, la communication est à nouveau au plus bas !
J’ai du avoir un conseil en rêve ou je ne sais quelle révélation mais en prenant mon quart le 09 octobre à 2h du matin, je demande à Raphaël épuisé de tourner la clef du moteur avant d’aller se coucher.
Il me répond simplement : «ok, je fais un clic et je vais au lit »

Ce « clic » est un soulagement qui lance le moteur et notre sang ne fait qu’un tour !
La scène qui suit est difficile a décrire tant elle libère nos angoisses, il y a une fréquence sonore qui nous échappe, un truc proche de ce qu’émettent les supporters de football dans les stades, entre le cri de joie et le hurlement sauvage…

Une chose est sure, les deux jeunes hommes que nous sommes sont en train de vivre une expérience qu’ils ne sont pas prêts d’oublier !

Pour conclure cet épisode, je croyais connaître Raphaël et il devait avoir la même certitude en acceptant d’embarquer.
La mer nous aura donné l’occasion d’approfondir cette relation (nous avons passé plus de temps ensemble en un mois que sur des années à terre), elle aura mis en relief des traits normalement estompés par le quotidien dans lequel on évolue habituellement, et nous aura poussé à connaître nos limites.
Je suis heureux d’avoir fait cette expérience avec un partenaire si sûr (en règle générale il est vivement déconseillé de prendre la mer si le temps est compté !!), qui n’a pas hésité à poursuivre malgré les contraintes personnelles apparues en cours de route. Merci !
Et chapeau de m’avoir supporté !

Raphaël s’est envolé le lendemain, cette première et longue navigation me permet de tirer des conclusions sur les détails à régler pour le confort des suivantes…
Ma princesse arrive dans deux jours, elle est presque au bout de ses peines à Saint-Ouen !
Merci de loin mais du fond du cœur à tout ceux qui lui ont prêté la main !

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Rhetimo-Cythere



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samedi 10 octobre 2009

arrivee a Malte

Xavier et Raf sont bien arrives a Malte !
Quand a moi, j'acheve les derniers preparatifs, depart prevu ce mardi...

Des nouvelles bientot.
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